Les Animaux Venimeux Marins: Sources de Nouveaux Médicaments par Aude Violette

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Club de Plongée de Plan-les-Ouates

Lundi 24 septembre 2012 - Restaurant Scolaire de la Salle Communale

Conférencière: Aude Violette, chercheuse chez Athéris Laboratories

Présentation de Aude Violette: PDF

Organisatrice: Chantal Wiaux-Zamar

Résumé: Aude Violette


Atheris Laboratories

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Atheris est une PME familiale fondée en 1995 par le Dr Reto Stöcklin et basée à Plan-les-Ouates.
Cette entreprise propose une plateforme d'outils analytiques et bioinformatiques pour l'étude des venins.

Les animaux venimeux

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Il existe de nombreux animaux venimeux qui ont colonisé tous les différents biotopes terrestres et qui utilisent leur venin pour se défendre et/ou pour se nourrir. Parmi ceux-ci on peut citer: les serpents, les araignées, les scorpions, les hyménoptères (insectes), les cnidaires (méduses, anémones, coraux...), certains batraciens, les cônes.

Les venins

Les venins sont des cocktails complexes de molécules ayant des activités variées et spécifiques. Ils ont des effets sur le système nerveux (neurotoxiques), le système sanguin (hémotoxiques) et le système immunitaire (réactions allergiques). Ils sont le produit de plusieurs millions d'années d'évolution.
Il est intéressant de noter que si'un gramme de cyanure de sodium peut tuer ~5'000 souris, un gramme de palytoxine (extraite d'anémones) et un gramme de batrachotoxine (extraite d'une grenouille) peuvent tuer respectivement 335 millions et 25 millions de souris.

Comment utiliser ce potentiel destructeur d'une façon constructive?

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Les venins sont riches en molécules telles que protéines (enzymes), toxines, peptides, microbes... Les petites toxines peptidiques et les mini-protéines sont particulièrement intéressantes pour la recherche médicale car elles agissent de manière très ciblée et très efficace.

Certaines de ces molécules ont déjà été utilisées avec succès pour le développement de médicaments:

  • Capoten/Captopril (BMS)- traitement de l'hypertension (Bothrops jararaca - serpent d'Amérique du Sud)
  • Aggrastat/tirofiban (Merck)- anticoagulant (Echis carinatus - vipère d'Asie)
  • Integrilin/Eptifibatide (COR)- anticoagulant (Sistrurus miliarius barbouri - vipère d'Amérique du Nord)
  • Angiomax/Bivalirudin (The Medecines Company)- anticoagulant (Hirudo medicinalis - sangsue)
  • Prialt/Ziconotide (Elan) - antalgique (Conus magus - cône magicien)
  • Byetta/Exenatide (Amylin)- traitement du diabète (Heloderma suspectum - Lézard d'Amérique)
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Pour identifier les molécules potentiellement intéressantes, on utilise une combinaison de différentes approches basées sur l'étude de la bioactivité, l'identification structurale et l'utilisation d'outils bioinformatiques.

CONCO: the cone snail genome project for health

Le projet CONCO a pour sujet l'étude d'une espèce de cône: Conus consors.

Les cônes sont des gastéropodes marins, prédateurs de poissons, de coquillages ou de vers. Ils sont munis d'un système d'injection de venin similaire à une seringue hypodermique.

L'appareil venimeux est constitué de: P1090219-r.jpg

  • conduit à venin: organe de synthèse du venin (en forme de serpentin)
  • bulbe musculaire: muscle qui fait avancer le venin dans le conduit
  • sac radulaire: réserve de harpons utilisés pour l'injection du venin
  • proboscis: trompe par laquelle sort le harpon contenant le venin


La forme de leur harpon est adaptée à leur proie: P1090215 cmw-r.JPG

  • Conus striatus : piscivore
  • Conus textile : malacophage (qui mange des mollusques)
  • Conus pulicarius : vermivore


Pour ce projet, les cônes ont été collectés lors d'expéditions scientifiques organisées en Nouvelle Calédonie (expéditions auxquelles Robin Offord a participé en 2007 et dont il est venu nous parler).

Certains spécimens ont été ramenés vivants et après leur acclimatation en aquarium, leur venin a été prélevé, en les leurrant avec une proie (petit poisson).

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Les analyses chimiques du venin, combinées à des études génétiques, ont permis l'identification de nouveaux composés qui sont actuellement étudiés plus en détail. L'un d'entre eux pourrait être utilisé pour bloquer les contractions musculaires (effet relaxant). Les études ont montré qu'il est 1000 fois plus actif que la procaine ou la lidocaine.


De petits films, montrant des cônes attrapant leurs proies avec leurs harpons remplis de venin, peuvent être trouvés sur le site de la "Toxinomics Foundation" [[1]]. Cette fondation a pour objectif de soutenir les activités visant à promouvoir la protection et l'exploitation durable de la biodiversité marine et terrestre à travers: - La recherche scientifique - le développement médical et industriel - la Communication et l'Éducation.


Aude Violette - Octobre 2012


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