Le Solo

De plongeplo
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Le Solo par sécurité :

La plongée en Solo n’est pas un besoin de solitude, mais une nécessité de concentration sur soit pour réussir. C’est la motivation à vouloir faire bien qui dicte la loi. Il faut avant tout être imprégné de ce que l’on va faire et être contré sur les procédures. Tout se passe de soi à soi et durant les phases critiques, il n’y a pas de place pour deux.

Le cas particulier de palanquée en système mixte sont un exemple: recycleur et circuit ouvert ou Air et Trimix etc. Les connaissances des équipiers sur votre appareil sont très limitées ou lacunaires donc les capacités d’intervention assez réduite, de fait on plonge en solo.

La plongée en solo est quelque chose de vital en condition sévère, il y a moins de risques importés qui interviennent dans l’action, certaines choses sont plus faciles en solo, car l’autre demeure toujours un risque.Son propre raisonnement est son allié le plus précieux et on est son propre secours, le plus rapide et le plus sûr.

En réalité, il s’agit de réduire les risques de coactivités résultant des interventions simultanées ou successives pendant les phases critiques (descente et remontée).

Il faut aussi arriver à repousser le seuil de la peur et du doute. On entre dans la zone rouge plus loin que les autres, cependant il faut aussi une zone rouge…

Passer les oreilles, gérer la combinaison étanche, gérer sa vitesse de descente, s’écouter, lire les instruments, changer de gaz, éclairer, gérer les petits incidents, suivre des yeux la falaise ou le fond pour ne pas soulever des sédiments ; Tout en même temps ou presque !

Les opérations vont vite parfois trop vite ! Alors, il reste peu de place pour l’autre…

Dans cette complexité, la gestion de l’autre devient un risque de suraccident (perte du Runtime, modification du profil, surconsommation, conflit de communication, emmêlement etc.) finalement d’un incident on risque deux accidents.

Examinons maintenant les principales motivations sociologiques qui conduisent au solo.


Le solo par nécessité

Nécessité n'a point de loi ! Là où la nécessité est, la loi est suspendue ; mais on ne dit pas «nécessité fait loi», ce serait transformer l'injuste en juste, alors, quelles nécessités ?

L’ablation des contraintes, tout d'abord. Lorsque qu'on est passionné par son sport, on cherchera naturellement à le pratiquer le plus souvent possible. Mais chacun est différent, tout le monde n’a pas la même intensité de passion, ni la même disponibilité, ni la même formation pour pratiquer son sport favori. Comme nous avons appris de ne pas plonger seul, nous partons à la recherche un coéquipier. À ce stade apparaissent les premières contraintes :

Le binôme : sa formation, son entraînement, sa motivation, son aisance, sa disponibilité. Le lieu de plongée : son éloignement, ses risques. La date avec ses contraintes horaires. Les conditions climatiques, météo etc.…

Finalement on décide d'éliminer toutes contraintes et d’aller plonger seul. Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour débloquer un dysfonctionnement. Par exemple, la visibilités est très mauvaise, vous perdez votre palanquée, la règle est d’attendre une ou deux minutes au fond et de remonter… avec qui ?

Donc : la fin justifie les moyens et mieux vaut plonger seul que mal accompagné a l’exemple des corailleurs. Nécessité n'a point de loi.

Le solo pour l’urgence.

Il y a quelques années, après un exercice de remontée en pleine eau nous étions en surface sur un fond de 40-45 mètres lorsque à proximité immédiate un plongeur apparaît et appel au secours : Eric a givré ! il est resté au fond ! … Sans hésiter, je demande à mon binôme de descendre avec moi pour le rechercher. À cet instant, je me suis heurté leurs objections ; il y 50m de fond, on ne descend pas, il ne nous reste que 60 bars, c’est trop sombre, tu es fou, il est mort, … j’étais prête à partir en solo mais la pression de mes camarades me fit renoncer. Aujourd’hui encore, cette question me tourmente et je me dis que je n’aurais jamais du renoncer à partir en solo. Dans l’urgence le solo se justifie.

Le solo pour l’excellence.

Qui pour apprendre à marcher n’a pas eu le soutien d’une main maternelle ? Qui n’a pas vécu le jour ou permis de conduire en poche, il est partit seul, dans son véhicule ? Pour progresser rapidement, sans risques nous avons besoins de protections et d’un soutien, puis chemin faisant on trouve son autonomie. Ensuite nous savons que tout n’est jamais acquis et que l’amélioration de nos performances passe par la recherche de l’amélioration continue des compétences. Comme dans beaucoup de discipline, en plongée, le solo est l’ultime degré de perfection d'un domaine de compétence.


Le solo comme mesure de prudence

La plongée en grande profondeur ne permet pas de sortir de son « Runtime ». Le binôme devient un élément de risque critique. En règle générale, il est illusoire dans ce type de plongée, de compter sur l’assistance d’un équipier. C’est pourquoi la plongée en solitaire se révèle dans bien des cas préférables, et cela nécessite une formation particulière qui n’est pas dispensée dans les écoles de plongée.

C’est aussi le cas pour des explorations spéciales, (spéléo, épaves). Certaines conditions (étroitesse, manque de visibilité, profondeur ou autres) peuvent amener à une plongée en solitaire. Cette pratique est compatible avec la notion d'autonomie développée en plongée souterraine.

En profondeur, sur un réel incident, faire un l'échange d'embout en circuit semi ou fermé est extrêmement critique et dangereux. La pratique veut que l'utilisateur d'un recycleur soit dans une configuration de plongée en solitaire.

Si le principe, le sens ultime du droit c'est la protection, alors la positivité du droit comprend ce droit de prudence. Le droit peut dire «nécessité fait loi». Porter secours ou demander secours en grande profondeur peut entraîner la palanquée vers une issue tragique. Les incidents doivent être maîtrisés sous l’eau sans assistance. On plongera en solo par mesure de prudence.


Le solo par pulsion solitaire.

Chacun son truc et sa façon d'apprécier la plongée, j'aime plonger seul, ça tient surtout à mon caractère, je suis plutôt du genre solitaire, c'est tout. Alors je me sens mieux tout seul et j'ai l'impression de prendre moins de risques. Moi c'est la profondeur et les conditions extrêmes en solo. Dans le même esprit que les corailleurs ou les plongeurs spéléo. C'est moi qui prends les décisions, c'est moi qui décide, je me connais suffisamment pour savoir ce que je suis capable de faire ou de ne pas faire. Il est probable que dans certain cas être seul peut augmenter le risque, mai c'est un risque accepté et acceptable, comme tous les risques que l'on peut prendre dans la vie...


Je plonge seul parce que je me sens bien comme ça et que ça me plaît et je me dis que finalement la majorité des accidents touchent surtout des palanquées. Seul tu es beaucoup plus vigilant et tu réfléchis à deux fois avant de t'engager tu n’es pas déconcentré par le comportement de ton binôme. Enfin plonger seul c'est la liberté totale, être seul avec sois même, seul au monde, pour pouvoir s’inviter parfois aux regards étranges des grands pélagiques.

Je dois résoudre seul mes difficultés et assumer seul mes responsabilités. Je pense que l’on doit se construire seul pour trouver mes propres limites et devenir quelqu’un. J’ai une identité propre que la société ne me donne pas, ainsi je trouve ou retrouve un sens à sa vie.


Le solo par goût du risque

Diogène et d'Antisthène qui prônait un retour à un ordre estimé naturel au mépris l'opinion générale, des conventions sociales et de la morale retrouveraient ici ses adeptes du cynisme. L’exploit est mesuré en fonction de la mort. Elle donne à l’individu à une place dans le tissu social en fonction de sa force, pas de place pour les faibles. Plus grande est ma crainte, plus grande est ma félicité avoir conscience de la mort pour arriver à une sensation intense de la vie, mais ça n'a rien à voir avec le suicide... Véritable base de l’extrême, le goût du risque est l’approche philosophique du jeu de la vie et de la mort pour avancer, ça passe ou ça casse, c’est l’ordalie.

On justifie le solo comme une recherche ultime d'adrénaline, une tentative extrême d'évasion. Certains conçoivent l’expression par le risque et la transmission de valeur par le corps en péril. Au contraire de la compétition qui en est la négation, le solo vise un certain retour aux valeurs primitives de l’homme seul face à son destin. Une philosophie qui dirait : « Le plaisir avant tout, tant pis pour les risques, cela en vaut la peine seule compte ses perceptions... » En fait, le goût du risque dans le solo induit bien des thèses ouvre des portes et des réflexions.


Le solo comme sublimation du courage.

Vaincre une difficulté permet la réalisation de son être en ce sens que l’homme courageux transcende sa nature, sa condition humaine au péril de sa vie. Mais cette transcendance n’est possible que par un rite initiatique : le solo comme preuve de courage.

Normalement la peur ou l’anxiété est ressentie comme un signal d’alarme qui se déclenche lorsque le danger est trop grand. Pour le plongeur en solo la peur est perçue comme une sorte de limite, un frein à l’audace. La fermeté face au danger, ne pas baisser les yeux face à l’adversaire, essayer toujours essayer de vaincre, ne jamais renoncer trouve ici valeur d’exemple. La peur est une camarade de jeu qui perd toujours, la peur est mauvaise conseillère.

Le solo devient une aventure intérieure que je veux connaître, Ce n’est pas un truc que j’ai besoin de partager avec les autres. Cette élévation peut engendrer un détachement si intense avec le monde que celui qui la subit décrira un sentiment d’état assaini, où la confrontation avec la mort est une sorte d’épreuve ultime des guerriers de l’impossible, une rencontre mystique avec le sens même de l’existence. Le courage est transformé en rite individuel de passage à savoir que l’individu, à travers une prise de risque excessive, affronte la réalité de mourir pour sublimer son existence.




Le solo par esprit d’aventure

On recherche un acte fondamental, une expérience décisive et marquante de sa vie. L’esprit d’aventure est un besoin de vie intense, la recherche du nouveau, d’événement surprenant, inattendu, redonner à l’existence valeur et sens. Connaître l’enivrante altération subie en profondeur et les difficultés sensorielles accompagnées de bien être. Le solo favorisait l’état altéré en mettant l’individu face à la nature et à lui-même. C’est alors qu’il se retrouve seul, contemplatif et qu’il n’a d’autre choix que d’écouter son corps et son et sa voix intérieure.

Voilà tout est dit ou presque du point de vue sociologique, nous connaissons encore d’autres motivations mais l’essentiel a été décrit. Passons donc à l’aspect psychologique et technique sans tenir compte des motivations.


LE PROFIL DU LONGEUR SOLO

Le vécu.

Le plongeur doit avoir suffisamment plongé et avoir vécu toutes sortes de situations possibles, une grande expérience est nécessaire. Deux choses devront être préalablement acquises et prouvées : La capacité à évaluer les risques et la capacité à résoudre les incidents avec un stress limité et contrôlé. Le vécu de nombreuses expériences différentes aide à comprendre les dysfonctions et permet d’anticiper sur les probabilités d’incidents. Un plongeur expérimenté sera capable de, rester calme (il en a vu d’autres) il pourra gérer les problèmes l’un après l’autre. En toutes situations il contrôle son rythme respiratoire et ses pulsations cardiaques. Une chose est sûr on ne peut pas admettre la peur dans la plongée solo. Une pointe de stress renforce la vigilance, mais si tu as peur il faut renoncer, c’est un signal d’alarme et la peur est mauvaise conseillère.


La motivation personnelle.

Le plongeur doit être motivé par ses propres choix, selon nos propres valeurs sans pression extérieure. Nous en avons tous fais l’expérience, le solo est une démarche essentiellement personnelle ; un jour on décide de partir plonger seul, sans aucun stimuli autre qu’une énorme motivation pour la plongée, c’est la base essentielle, la démarche la plus saine, c’est un passage. Evidement, l’exemple, l’expression de la pensée et du raisonnement d’un camarade peut amener à la réflexion et au désir d’en faire l’expérience une fois acquise la disponibilité intérieure qui apporte la sérénité. La proposition doit s’arrêter à ce stade et la quasi-totalité des plongeurs solo que je connais ne font pas de prosélytisme sur ce sujet.


La connaissance de soi

Le plongeur connaît ses clivages et ses limites (psychologiques, physiques et techniques). La proposition n'est pas nouvelle, sur le fronton du temple d'Apollon à Delphes était inscrit : "Connais-toi toi-même, laisse le monde aux Dieux". La connaissance de soi permet d’éclairer profondément tout homme sur ce qu’il est, il identifie ses forces positives et négatives. Mieux se connaître en solo c’est évaluer son comportement en situation critique. Cela signifie aussi s'interroger sur son savoir. Se connaître est prendre conscience de soi et par-là de son ignorance. C'est-à-dire que tu possèdes finalement les trois éléments indissociables de l’action : Ce que tu sais faire, ce que tu peux faire, ce que tu veux faire.


La maîtrise et détermination

Avec du vécu, de la motivation et la connaissance de soi il faut encore ne pas flancher dans les difficultés, quelles soit matériel, physique, psychologique ou émotionnel. Il faut avoir un moral d’acier et une grande maîtrise de soi. En fonction des difficultés et des expériences précédentes si tu veux aller un cran plus loin dans ta préparation, Il faut un réel travail de préparation mentale combinée avec la préparation physique.

Dans la connaissance de soi on identifie ses clivages, l’exercice de construction consiste à être capable de constituer une unité contrôlée du Moi. Rassembler et gérer les mécanismes d’analyse, de défense et de forces, tu sublimes le « Moi » dans « On ». Tu ne dis plus « j’y vais » ce qui est un acte de tête, mai « on y va ! » avec toutes les forces et tous les organes de ton être qui te pousse. Rester concentré, ne jamais renoncer, toujours espérer, il y a toujours une solution.

La préparation mentale

La préparation et l’entraînement mental consistent à prévoir les événements qui peuvent se produire et trouver les solutions sous l’eau. Il faut ne rien laisser au hasard, il faut travailler les scénarios d'urgences. Il s’agit également d’utiliser des techniques de relaxation pour retrouver rapidement son équilibre, sa lucidité et son relâchement après un dysfonctionnement critique.

Il faut anticiper les moments les plus éprouvants et ce qui peut être fait pour m’aider à les surmonter sur le plan mental. C’est-à-dire réfléchir aux gestes dans de telles conditions extrêmes, et explorer les situations que tu pourrais vraisemblablement rencontrer.

Le choix du système de sécurité détermine les capacités de contrôle de soi, d’acceptation de prise de risque.

L’imagerie et la répétition mentale

Dans la visualisation du « On » : l'individu est impliqué dans l'action, il s'imagine dans son corps dont les membres exécutent les gestes justes, il ressent toutes les sensations que cela peut lui procurer (aspects visuels et kinesthésiques). Ce type de visualisation permet de stocker et de mémoriser des informations. Elle aide le sportif à mieux assimiler la technique, de récupérer, de gérer le stress de pré-immersion tout en demeurant très motivé pour l’exploration envisagée. Il existe des processus cognitifs qui vous permettent de construire et d'évoquer des images de mouvement sans produire d'activité musculaire. Ces processus sont communément appelés imagerie et répétition mentale. Elle est beaucoup plus efficace lorsqu'elle est associée à la relaxation.


Approchons quelques paradoxes

Le premier paradoxe ce sont les autres. Cela peut paraître contradictoire mais le plongeur solo, penser aux autres. Penser à ceux qu'il laisse à terre ou sur le bateau. Si, malgré le soin apporté à la préparation, un problème survient, comment les prévenir ? Comment devront-ils réagir ? Il faut absolument leur laisser un planning de plongée afin qu’ils sachent à tout moment où l’on est sensé se trouver et sortir. Il faut également prévoir des moyens de communication même sommaires. Il faut laisser des consignes claires afin que celui ou ceux qui attendent sachent quoi faire. Il n’est rien de pire qu’une attente impuissante.

Le deuxième paradoxe du solo et un paramètre délicat à gérer, c'est la sagesse. Connaître ses limites et renoncer c’est faire preuve de sagesse car l’imprudence conduit parfois à l’accident.


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